mardi 28 août 2012

Est-ce que tu respires ?



Chaque fois que je relis un livre, à des années d'intervalle, j'ai le même choc : ce n'est plus le même livre. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau dit le proverbe. C'est la réalité de la vie, et pourtant ce n'est pas ainsi que nous ressentons les choses.

Notre cerveau est bâti pour créer des concepts, extraire des idées à partir des choses. Il excelle à repérer les traits communs, les répétitions et développe à partir d'elles des routines qui nous permettent d'accomplir des tâches de plus en plus complexes. C'est ainsi que nous apprenons à jouer du piano ou à conduire une voiture.

La contrepartie de cette habileté est que nous pouvons devenir blasés, à force de raboter les différences pour ramener tout au connu. Ainsi, lorsque quelqu'un m'interroge sur la mindfulness, j'observe souvent sur le visage de mon interlocuteur une attention un peu soucieuse jusqu'au moment où il s'exclame soulagé : "Ah, oui!...c'est de la sophrologie! ".

Rester en contact avec l'inconnu et plus encore, revenir au contact de la chose ou de la personne connue comme si c'était la première fois, coûte de l'énergie.

"Est-ce que tu m'aimes ?" demande la femme à son mari (ou le contraire). S'il (elle) lui répond, avec un peu d'impatience : "mais enfin tu le sais bien", il (elle) manque l'invitation à rejoindre l'autre dans l'expérience du moment présent. Moment par essence toujours neuf et différent.

Je crois que ce qu'on appelle la qualité de présence est cette capacité à rencontrer les choses de la vie dans leur nouveauté. C'est ce qui donne à l'enfance sa luminosité : tout y est vif, stimulant et invite à l'émerveillement. 

C'est pourquoi j'aime bien conserver le mot anglais de "mindfulness", sans trop chercher à le traduire. Sa sonorité évoque pour moi un épanouissement toujours possible et à portée de main : celui qui se produit lorsque nous revenons au moment présent.

"Est-ce que tu respires ? C'est évident, à quoi bon se poser la question ? 

Pour ma part j'essaie de m'arrêter un instant, de temps à autre, pour écouter la question  sans forcément vouloir y répondre. En la laissant ainsi résonner en moi, je sens parfois sourdre du dedans, comme d'une source profonde et jamais tarie, l'émerveillement d'être en vie.

samedi 28 juillet 2012

Mindfulness ou Pleine Conscience ?

Se faire des noeuds au cerveau
J'aime beaucoup avoir recours aux illustrations. Lorsqu'elles sont justes, elles nous permettent de communiquer le sens d'une expérience de manière plus directe et plus riche - comme ici avec ce petit personnage.
Pour ma part, j'entre de plein pied dans l'expérience qu'il suggère. 
Je me souviens d'avoir commencé mon premier travail en thérapie parce j'avais remarqué que je ne n'étais plus capable de me rendre vraiment disponible pour lire, ou écouter de la musique : j'étais tellement occupé, depuis tellement longtemps, que je n'avais plus assez d'espace intérieur pour cela.
Cette notion d'espace intérieur correspond dans mon expérience à un ressenti très identifiable, avec ses moments d'ouverture et de fermeture. 
Il me semble qu'elle éclaire aussi directement le sens de l'expression "Pleine Conscience" (par laquelle on traduit souvent "Mindfulness"). Dans l'expérience de la Mindfulness, la conscience n'est pas "pleine" au sens ou elle aurait engrangé le plus possible de contenus, d'observations ou de savoirs. Il faut plutôt entendre Pleine Conscience comme on dit Pleine Lune : pour désigner la qualité de notre espace intérieur lorsqu'il se déploie pleinement. Cette pleinitude est une ouverture.

En savoir plus sur la Mindfulness (Pleine Conscience)